L'excitation pendant le voyage n'est jamais la même, elle n'est pas toujours aussi intense.
Extrait de nos carnets de voyage du vendredi 9 juillet 2010 (jour de notre départ de Kyoto) :
Hier matin, nous avions fait nos sacs et les avions dépossé à la réception de la Tomato Guest House. Le temps pour nous d'aller découvrir le Temple d'Or et le Rock Garden (un jardin Zen grandeur nature), tous deux au Nord Est de Kyoto. Nous avions prévu d'être de retour pour 12h30 grand max a la guest, afin de sauter dans le train, en direction de Shizuoka, une ville au pied du mont Fuji que nous souhaitons grimper.
Emportés par le calme et la sérénite qui règnaient une fois de plus dans les parcs de ces deux temples, nous sommes finalement revenus a la guest vers 14h.
Pendant que nous nous rendions aux temples, une idée avait germé dans nos esprits, une idée qui nous séduisait et nous amusait : "Pourquoi ne pas parcourir les 300 kilomètres qui nous séparaient du Mont Fuji en auto-stop ?" Cette façon nous paraissait bien "rock'n'roll" et surtout plus économique que le train qui est très cher ici au Japon.
Après avoir murit dans nos esprits et étant donné l'heure à laquelle nous revenions a la guest, cette idée nous poussa à tenter l'aventure.
Nous expliquons notre plan aux deux propriétaires de la guest mi-émerveillés, mi-incrédules. Nous nous confectionnons une pancarte avec un carton et un marqueur. L'un des deux gars nous inscrit Tokyo en idéogrammes et nous le marquons dans notre alphabet.
Le mont Fuji se trouve entre Kyoto et Tokyo sur la même autoroute.
Nos deux hôtes immortalisent le moment, nous encouragent, admiratifs et nous saluent.
Ca y est nous sommes lancés, un sourire fiché sur nos lèvres comme deux gosses qui préparent un mauvais coup.
Nous n'avons quasiment jamais fait d'auto-stop et surtout pas sur une aussi longue distance.
Nous ne connaissons pas non plus la réaction des japonais envers les auto-stoppeurs. Peu importe !
Direction le terminal de bus (à 5 minutes à pied) pour monter dans le bus 19 qui ne passe que toutes les heures.
Après l'avoir manqué à une minute près, il nous déposera finalement 1h30 plus tard à l'échangeur sud de Kyoto sur la highway (autoroute) Meishin qui remonte vers Tokyo via Shizuoka.
Nous descendons donc du bus à l'arrêt que nous indique le chauffeur quelque peu apitoyé par nos gros sacs et sans doute par notre intention de "lever le pousse".
Il nous salue chaudement d'un geste de la main en se réinserant dans la circulation de cette fin d'après midi.
Ca y est l'aventure commence ! Largués au beau milieu de la banlieue sud de Kyoto sur une nationale traversant un genre de zone d'activité, nous avons l'échangeur de l'autoroute droit devant nous et le soleil sur nos épaules.
En nous approchant du péage nous réfléchissons au meilleur endroit pour nous poster et brandir notre pencarte : Pas dans un virage, pour la visibilité, avant un endroit approprié pour qu'une voiture s'arrête et surtout se positionner du bon côté de la route. (évidence implacable de prime abord mais loin d'être facile quand tous les idéogrammes sur les panneaux routiers ne signifient rien pour nous.
Nous choisissons finalement un trottoir et, remontés à bloc, brandissons fièrement notre affiche et nos pouces droits vers le ciel. Chacun d'un côté de l'affiche nous arbhorons nos plus beaux sourires, sautillons d'une jambe sur l'autre évoquant une petite gigue de bord de route très appréciée des usagers.
Nous nous relayons de temps en temps pour reposer nos bras fatigués par la position et boire quelques gorgées. (32°c)
La route est très empruntée et les voitures se suivent quasiment en file indienne. Les minutes se transforment en quart d'heure puis en heures. Au bout d'une heure et demi nous faisons le point : des centaines de voitures nous ont dépassés, voire des milliers. Nous avons récolté 341 sourires, 274 signes de la main... Mais personne ne s'est encore arrêté ! Nous persistons !
Tiens, une voiture s'arrête 100 mètres dans notre dos et met ses feux de détresse. Nous empoignons nos sacs et courons à la rencontre de cette voiture. Le conducteur est au téléphone, il ne s'est pas arrêté pour nous. Nous retournons à notre poste et continuons notre spectacle : Sourires, éclats de rire, bonne humeur... Mais aucune voiture ne daigne s'arrêter.
Le soleil qui poursuit sa descente commence à nous faire douter : "Le stop fonctionne-t-il vraiment ici ? Tokyo n'est-elle pas trop loin ? Dans tout ce flot combien de voitures se dirigent réellement vers Tokyo ?" Nous nous questionnons mais nous poursuivons notre quête toujours aussi actifs sur notre bord de route.
Il est 19h30, voilà environ 3 heures que nous nous trémoussons sur le bord de la route !
Soudain, un homme arrivant sur le trottoir derrière nous, nous appelle. Les yeux remplis d'étoiles n ous venons à lui. Il ne parle pas très bien anglais mais nous demande de quel pays nous venons. Nous échangeons quelques mots à propos de la France où il part pour sa semaine annuelle de vacances, d'ici 2 semaines. D'après lui on a peu de chances d'être pris. Tokyo est à 500 km soit 6 heures et ses dires sont confirmés par notre expérience de cette fin d'après-midi.
Il nous propose très gentiment toutefois de nous déposer où nous le souhaitons dans Kyoto. Nous acceptons et en laissons là notre tentative d'auto-stop.
Nous parlons avec lui pendant qu'il nous conduit à travers la banlieue sud, un vrai japonais : une belle voiture neuve, visiblement célibataire, ingénieur informaticien amoureux de son entreprise. Il est humble, respectueux et généreux. Il nous dépose finalement à notre guest.
Retour au point de départ mais pas à zéro car durant cette après-midi d'auto-stop raté sur cet échangeur, nous avons :
-fait tomber des barrières qui pouvaient se dresser en nous,
-rencontré Tetsuo, notre "chauffeur",
-fait l'acquisition d'un panneau "Tokyo" pour une éventuelle prochaine fois,
-passé un bon moment ensemble.
En franchissant à nouveau la porte de la "Tomato" Guest House nous étions un peu blasés de nous dire que nous aurions pu être loin à cette heure-ci mais finalement rien n'arrive par hasard et chaque situation nous réserve des surprises.
Après une douche bien méritée nous avons fait la connaissance de Claude, un français avec qui nous avons passé la soirée. Il passe un mois au Japon et en connait un rayon sur les coutumes, le pays, et nous a même appris quelques rudiments de japonais. Très bonne soirée !
Dernière escale.. la gwada
Il y a 12 ans
sont fous ces djeunes !
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